Interview pour National Geographic : « Racisme systémique, le poids des stéréotypes »

J’ai eu le plaisir et l’honneur d’être interviewée par Manon Mayer-Hilfiger pour National Geographic. L’article porte sur le racisme systémique et le poids des stéréotypes.

Je suis ravie de voir que de plus en plus de médias s’intéressent au sujet.

Extrait de l’article :

« À seulement dix-neuf ans, Kelly porte déjà en elle un certain nombre de complexes et d’angoisses. Pas uniquement parce qu’elle sort de l’adolescence. La jeune femme subit des moqueries et insultes racistes depuis son entrée au lycée. Un jour, un père souffle à son fils : « mets ton masque, ça va sentir mauvais » en la fixant. Un événement loin d’être isolé.

Au sein des murs de son internat, ce cliché raciste circule plus vite que le variant anglais du coronavirus. «J’y entends tout le temps que les Noirs ont une mauvaise odeur » soupire-t-elle. Kelly vit dans la peur de confirmer cette image digne de l’époque coloniale et multiplie les stratagèmes pour éviter d’apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs. « Avant chaque sortie, je prends une douche, qu’importe l’heure, et je mets une double dose de parfum. Même si mes amies m’assurent que je sentais bon avant d’effectuer tout ce rituel. »

Kelly n’est pas la seule à se contorsionner pour ne pas confirmer des préjugés. De nombreux stéréotypes pèsent sur les personnes racisées.

Racky Ka, docteure en psychologie sociale, autrice d’une thèse sur le sujet, en a identifié une quinzaine en France concernant les Noirs. Parmi eux, « Les Noirs sont des étrangers », « ont une forte odeur » « parlent fort », « vivent en banlieue » ou encore « sont moins intelligents ». « Ce sont des croyances sociétales que tout le monde connaît sans forcément y adhérer. Les personnes noires savent que les autres les considèrent d’abord par leur couleur de peau car ils ne les connaissent pas personnellement. Ainsi, elles anticipent.  Elles mettent plus de parfum, parlent doucement ou encore font bien attention à ne pas arriver en retard».

Un poids psychologique que supportent également les personnes définies comme asiatiques ou arabes, elles aussi renvoyées à un certain nombre de clichés. Ainsi, les personnes définies comme arabes sont stéréotypées « agitées », « agressives » ou « insolentes », selon une étude qui date de 2001. « Il y a probablement eu une évolution de ces clichés» précise Michaël Dambrun, l’un des auteurs de l’enquête. Difficile d’en savoir plus : il n’y a pas de données récentes sur le sujet. « En France, les recherches sur la menace du stéréotype chez les minorités ethniques sont encore rares » indique Racky KaMais pour Sarah, étudiante en commerce, ces préjugés continuent encore de peser lourd. « On tente de ne jamais se faire remarquer. On essaye de minimiser notre existence. Si une personne blanche revendique des choses, on dit qu’elle a du caractère. Si c’est nous, c’est tout de suite l’Arabe, la sauvage qui crie. C’est très frustrant d’avoir à se museler parce que l’on a peur de virer dans les clichés racistes que l’on a intériorisés. Cela met beaucoup de pression au quotidien» témoigne la jeune femme. » Lire la suite.

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